Né en 1985 à Gelibolu (Turquie). Vit et travaille à Istanbul (Turquie).
Ozan Atalan
Dans votre oeuvre Monochrome, vous faites clairement référence à la destruction de la nature par l'homme. Cette relation est-elle récurrente dans votre pratique ? En présentant un squelette de buffle, pensez-vous que cela implique plutôt de donner une vision du futur, ou de réfléchir sur notre présent et passé ? Quel est votre point de vue sur le concept de capitalocène ?
Dans mon travail, je traite des formes hybrides étroitement lié à des phénomènes d’évolution, ainsi que des réalités spéculatives résistant aux dualités artificielles qui conditionnent notre rapport au monde. Une approche anti-anthropocentrique domine ma pratique, qui explore la nature humaine à travers le prisme de l'aliénation. Vivant à une époque où nos angoisses existentielles nous éloignent de nous-même, de notre vrai état et de la nature, ma principale préoccupation est de compenser les conséquences de cette aliénation, qui se manifeste par l’altération de notre sens de la réalité, des blocages émotionnels et conceptuels dans notre relation avec le monde, l’opposition de l’homme et de la nature…
L'histoire et l'avenir de la planète ne peuvent pas être uniquement compris par la façon dont la nature conserve ses propres archives biologiques, physiques, chimiques et géologiques. Il faut aussi prendre en compte l'impact anthropologique.
Ainsi, la dimension spéculative de mon esthétique est autant rétrospective et que futuriste : le squelette du buffle est pensé comme une ruine du présent, destinée au futur de l’humanité.
Lorsque nous parlons d'impact humain, cela inclut inévitablement les systèmes économiques et politiques qui utilisent malheureusement les ressources du monde au détriment des êtres non-humains, alimentant la séparation entre «moi et l'autre». Cette ségrégation creuse l’écart entre le monde et l'homme et entre les personnes elles-mêmes. Dans cette perspective, le capitalocène renvoie à un monde sacrifié au nom d'une pseudo-sacralisation du profit privé au-delà de toute préoccupation éthique.